L'AUTRE SAINTE-HÉLÈNE
L'autre Sainte-Hélène - The other St. Helena

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Mort de Napoléon - estampe de Jazet d'après Steuben
  La mort de Napoléon - estampe de Jazet (1830), d'après le célèbre tableau de Steuben (1821).









La tombe de Napoléon - gravure allemande
La tombe avec la silhouette de Napoléon qui se détache des saules - gravure allemande








La tombe de Napoléon - gravure allemande
La tombe et la silhouette, même thème - gravure allemande




LA MORT DE NAPOLÉON, VUE PAR LES POÈTES


La mort de Napoléon, le soir du 5 mai 1821, et la "tombe sans nom" dans laquelle il fut ensuite inhumé ont inspiré grand nombre de poètes, de tout pays. Vous trouverez ici la traduction de certains poèmes de langue anglaise, probablement moins connus des lecteurs français. Cet article sera enrichi au fur et à mesure de la découverte de nouveaux poèmes sur ce thème.

  
ISAAC McLELLAN
Isaac McLellan (1806-1899) est un poète américain qui a écrit près de 200 poèmes. Le lecteur pourra trouver le poème suivant en anglais, intitulé The Death of Napoleon, sur plusieurs sites dont celui de Blackcat Poems

La Mort de Napoléon

Sauvage était la nuit, et encore plus sauvage,[1]
Accrochée autour de l’oreiller du soldat,
En son sein a été menée une lutte plus acharnée
Que celle qu’il aurait livrée sur une vague déchaînée !

Quelques proches portaient le deuil, agenouillés,
Ces proches que son cœur sévère avait chéris;
Ils savaient par son regard glacé et surnaturel,
Que la vie était sur le point de le quitter.

Ils savaient par son terrible regard souverain,
Par l’ordre qu’il avait exprimé à la hâte, [2]
Qu’il avait rêvé de ces jours lorsque les nations tremblaient,
Et que leurs hôtes avaient été renversés.
 
Il avait rêvé que l’épée du Français pourfendait encore,
Et que les aigles françaises triomphaient ;
Que l’Autrichien, mis en difficulté, s’enfuyait,
Comme le lièvre devant la meute.

Le Russe barbu, il le flagellait de nouveau,
Le camp prussien, il le mettait en déroute,
Et sur les collines de la fière Espagne,
Ses puissantes armées rugissaient à nouveau.
 
Des sables de l’Egypte aux neiges des Alpes,
Des Pyramides jusqu’aux montagnes,
Là où l'onde de l’auguste Danube s’écoule,
Jusqu’auprès de la fontaine italienne,

Du haut des falaises enneigées, où les torrents de montagne
Se précipitent autour des maisons de l’Helvète,
Il a dirigé à nouveau, dans ses rêves mourants,
Tous ces hôtes, et a écrasé le vaste monde.
 
Une fois encore Marengo a été remportée,
Ainsi que la sanglante bataille d’Iéna ;
Une fois encore le monde a été envahi,
Et a pâli, sous le hochet de son canon.
 
Il est mort à la fin de ce jour ténébreux ;
Un jour qui sera inscrit dans l’Histoire :
Dans la terre rocheuse ils ont déposé ses cendres,
‘Et l’ont laissé seul avec sa gloire.’[3]

Notes:
[1] Il est bien connu que, dans les jours qui précédèrent la mort de Napoléon, une tempête faisait rage sur Sainte-Hélène; le temps s'est éclairci quelques heures avant son décès, et Napoléon est mort avec le soleil couchant, un peu avant 18 heures. Voir article à ce sujet, sur ce site, à Le temps orageux, avant la mort de Napoléon ; la nuit dont parle ici le poète est la nuit très agitée du 4 au 5 mai 1821, lorsque Napoléon était dans un quasi-coma et délirait.

[2] Durant cette dernière nuit de l'existence de Napoléon, il avait prononcé ses derniers mots, à peine perceptibles, "tête... armée..." et avait aussi appelé son fils; le poète ici suppose que Napoléon rêvait alors des jours de gloire, à la tête de ses armées.

[3] Cette phrase est entre guillemets car le poète conclut ici en paraphrasant le poète irlandais Charles Wolfe dans son poème sur la mort du général Moore à la bataille de la Corogne, The Burial of Sir John Moore after Corunna, voir le dernier vers de ce poème dans sa version originale.


HENRY STEVENSON WASHBURN

Le texte qui suit a été écrit par H. S. Washburn (1813-1903), un autre poète américain, pour accompagner une partition musicale sur le thème de Napoléon. Son titre original est The Grave of Bonaparte.

La Tombe de Bonaparte

Dans l’île dépouillée et solitaire, où les flots sauvages et rugissants
Assaillent le rocher sévère, et où les tempêtes bruyantes font rage,
Le héros repose, immobile, alors que les saules, suintant de rosée
Comme ses proches endeuillés et en pleurs, se penchent sur son tombeau.
  Les éclairs peuvent lancer leurs feux, et le tonnerre donner son fracas assourdissant :
Il n'écoute pas, il n’entend pas, il est libre de toute douleur ;
Il dort son dernier sommeil – Il a livré sa dernière bataille !
Aucun son ne peut le réveiller à nouveau vers la gloire !
 
Ô ombre du puissant, où sont tes légions à présent,
Celles qui se précipitaient aux conquêtes où tu les menais ?
Hélas ! elles ont péri sur les collines de contrées lointaines,
Et tout fut perdu, sauf la gloire de leurs triomphes !  
La trompette peut sonner, et le canon assourdissant crépiter !
Elles n'écoutent pas, elles n’entendent pas, elles sont libres de toute douleur ;
Elles dorment leur dernier sommeil – Elles ont livré leur dernière bataille !
Aucun son ne peut les réveiller à nouveau vers la gloire !
 
Et pourtant, âme immortelle, la tombe ne peut te soumettre,
Car, comme tes propres aigles qui s’élevaient au soleil,
Tu as jailli de l'esclavage et as laissé derrière toi
Un nom qu’aucun mortel avant toi n’avait gagné.
Bien que les nations puissent combattre, et le tonnerre des guerres raisonner,
Tu ne pourras plus chevaucher la plaine sur ton étalon :
Tu dors ton dernier sommeil – Tu as livré ta dernière bataille !
Aucun son ne peut te réveiller à nouveau vers la gloire !
























La tombe de Napoléon en 1828
La tombe de Napoléon et ses saules - estampe de 1828































The Grave of Bonaparte
La "Tombe de Bonaparte"



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