L'AUTRE SAINTE-HÉLÈNE
L'autre Sainte-Hélène - The other St. Helena

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ITINÉRAIRE NAPOLÉONIEN (et personnel) À SAINTE-HÉLÈNE
par Jean Fratoni



De décembre 1815 à mai 1821

Le plan schématique qui suit couvre la maison de Longwood dans sa partie principale, à l’exclusion des appartements des généraux, logements des serviteurs, communs.
Plan de Longwood
 
Notre guide a bien voulu retirer pour nous, le temps de la photo, le drap qui protège habituellement le billard. Celui-ci n’était pas là quand Napoléon est arrivé, mais de nos jours on bute presque sur lui, terriblement inattendu, dès qu’on franchit la porte d’entrée. Comme il est gigantesque il remplit largement la pièce.
Billiard de Longwood
Billard

Parfaitement authentique, c’est vraiment lui qu’on a péniblement convoyé depuis Jamestown puis installé à cet endroit au début de 1816, c’est bien sur lui qu’à l’occasion l’Empereur faisait déployer les vastes cartes d’état-major dont il avait besoin quand il dictait le récit de ses batailles. Accessoirement ce sont aussi les dix boules d’origine qu’on voit sur un meuble à côté, celles-là mêmes qu’à l’occasion Napoléon faisait de la main s’entrechoquer sur le tapis (et avec lesquelles il avait expliqué les règles du jeu à Betsy Balcombe, en février 1817). Toutefois, le billard ne l’inspirant pas vraiment, ce meuble encombrant fut assez vite transféré au quartier des serviteurs. C’est dire que ce n’est pas sur lui que fut étendu le corps du défunt Empereur pour y être autopsié, contrairement à une légende. L’autopsie, geste politique au moins autant que médical, fut bien pratiquée dans cette première pièce de Longwood House, dans l’après-midi du 6 mai 1821, en présence de huit médecins et de neuf autres témoins, mais sur une table à tréteaux improvisée.
 
Ce globe terrestre, de manufacture anglaise de la fin du XVIIIème, est exposé lui aussi dans la première pièce (tour à tour ou simultanément salle-à-manger, antichambre, parloir, bureau de travail, salle de billard et finalement d’autopsie). C’est lui aussi une pièce authentique.
Globe terrestre à Longwood
Globe terrestre

Mis à disposition de l’Empereur presque au début de son séjour avec son pendant le globe céleste voisin, ils furent tous deux récupérés à sa mort par le Gouverneur. Repérés et identifiés à Plantation House après plus d’un siècle on voulut bien leur permettre de réintégrer Longwood House (avec le billard, entre autres). Napoléon a sans nul doute dû faire tourner ce globe à l’occasion. On voit contre lui le déshumidificateur si indispensable à Longwood.
 
La tradition souvent rapportée selon laquelle l’Empereur ou un de ses compagnons aurait rageusement gratté de l’ongle l’emplacement de Sainte-Hélène est encore une légende (bien sûr il ne s’agit toujours que de minuscules légendes, juste propres à animer les conversations des érudits sur le pont du RMS St-Helena ou dans les salons du Consulate, mais c’est aussi de toutes ces petites légendes que s’est nourrie la Légende).

L’île avec le nom de sa petite capitale apparaît nettement, nullement entamée, un peu au-dessus d’un espace réellement abîmé qui est peut-être à l’origine de l’erreur. Y est d’ailleurs bien visible aussi l’indication du passage du Capitaine Cook (Cook a fait escale à Sainte-Hélène sur le chemin du retour de chacun des deux grands périples qu’il a achevés, en mai 1771 et 1775).
Globe à Longwood
L'île de Ste-Hélène sur le globe de Napoléon
 
La salle-à-manger est de toute la maison la seule pièce d’emblée haïssable. Elle ne prend pas le jour ou à peine -on imaginerait volontiers qu’elle donne sur la cour d’un immeuble parisien, à un étage bas- et elle semble bien étriquée. Elle mesure pourtant 30m2 mais le mobilier envahissant laisse peu d’espace où circuler. A propos d’espace, le bâtiment principal (hors combles et logements annexes) fait à peu près 180 m2, incluant les appartements privés de Napoléon (bureau, chambre et salle de bains –pièces 4, 5 et 6 sur le plan indiqué en amont) qui n’excèdent pas 45 m2.
Salle à manger de Longwood
La salle à manger
 
La table est authentique. Deux des six chaises aussi nous dit-on. On n’a d’yeux que pour elles. Elles aimeraient se fondre discrètement dans l’anonymat parmi leurs compagnes mais le tissu n’est pas du même ton, on les reconnaît aisément. Pas un regard pour les autres, « les fausses ». Il en est ainsi dans toute la maison : -« S’il vous plaît, ceci est-il authentique ? », la guide, gênée, doit souvent s’excuser : Non, malheureusement il ne s’agit que d’une réplique, ou d’une pièce d’époque tout de même. Il semble que des ondes particulières continuent d’émaner des choses authentiques : rien pour une copie parfaite fabriquée avec dévotion, dans ce seul but, tout pour ce qui a été réquisitionné à la va-vite dans l’entrepôt de la Compagnie des Indes Orientales quand on a appris l’installation du Général, ou raflé chez un particulier qui l’avait en double.

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